Le regarder avec des étoiles dans les yeux, parler d’elle comme d’un génie. Le sentiment d’admiration accompagne toujours les débuts amoureux. Ce délicieux aveuglement, ce plaisir d’être fier de l’autre seraient même la condition nécessaire de l’amour qui dure.
Il y a ceux qui, depuis vingt ans, posent toujours un regard béat sur leur partenaire ; ceux qui s’y sont faits et ne s’ébahissent plus devant sa culture ou son sens du rythme. Et puis il y a les entre-deux, ceux qui s’émerveillent par à-coups. « Je sais que mon mari est brillant, mais je ne me le répète pas tous les jours quand il se brosse les dents ou que nous poussons le Caddie des courses ! Et puis, de temps en temps, au détour d’une conversation, à nouveau il m’épate. Et je retrouve ce sentiment inchangé depuis dix ans, cette bouffée d’éblouissement qui nourrit mon amour pour lui», raconte Virginie, 45 ans. L’admiration est un point de départ indispensable au couple, « sans lequel il n’y a pas de connaissance possible de l’autre », annonce la philosophe Cynthia Fleury. C’est une curiosité, « un geste précieux d’attention, une passion du cerveau avant d’être une passion du coeur. Une faculté à se décentrer, à déployer son regard hors de soi pour y trouver matière à aimer ».